Moi je n'ai jamais eu de peluche Je ne sais pas si aucun de nous (nous sommes 4) en avons jamais eu. Enfin, si, justement :
Donc pas de peluche à l'horizon de mes premières années. Cette histoire doit se passer dans les premiers temps de mon arrivée en France (1961) j'avais 5 ans et demi, ou était-ce un peu plus tard, mais je me souviens que mon frère était encore petit. Nous sommes invités - nous c'est la famille, encore que 3 enfants - chez des amis, des "Français" (c'est-à-dire des vrais. Nous nous étions naturalisés, oui comme les animaux naturalisés, bien qu'à y réfléchir ça n'ait aucun rapport). Comme c'était des gens qui avaient de bonnes manières, nous avons eu des cadeaux : pour mon frère ainé et moi, un Jokari (Avez-vous connu ce jeu de raquette qui permet de jouer à la balle tout seul ? C'était une intuition de la part de nos hôtes de nous envoyer jouer chacun dans son coin plutôt que d'offrir à nos parents des querelles en perspective sur le non-partage du jeu qui se joue à deux.) Bref ! Me voilà avec mon Jokari Et à mon frère, le petit, on a offert une peluche ! Je ne sais plus à quoi elle ressemblait car mon souvenir n'est pas dans mes yeux mais partout ailleurs : c'était une bonne grosse peluche (je n'étais encore pas bien grande), une peluche toute douce (mais elle n'était pas pour moi, je ne l'ai touchée que des yeux) une peluche d'une couleur pâle et aussi câline au regard. Était-ce un lapin ? Un ours ? L'un des deux sûrement, à l'époque on n'avait pas inventé les tigres, éléphants et autres dragons en peluche. Comme je me sentais misérable ! Je pense qu'en m'offrant le même jouet qu'à mon frère (le grand) on pensait me flatter, me considérant comme une grande. Et moi ça me déplaisait d'être une grande ! Je voulais être une petite, je voulais avoir une peluche, je voulais la serrer contre moi. Pas envoyer et renvoyer indéfiniment une idiote de balle qui reviendrait sans cesse.
Mais j'ai grandi, les chances qu'on m'offre un jour une peluche s'amenuisaient. De fait on ne m'en a jamais offert. Mon fils en a eu beaucoup, mais c'était une autre époque.
Sonia
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