peluche un jour

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Le Grand Voyage

 

 Mon nom est P'luche. Je suis un petit ours, pas tout à fait comme les autres. Je ne suis pas marron comme Paou, ou Doudou, mais presque blanc: ivoire clair. Mon petit maître m'adore, oui, il m'adore au point qu'il serait prêt à refuser à Dieu, si Celui-ci lui en donnait l'ordre, d'aller me sacrifier comme Abraham était allé sur la montagne pour sacrifier son fils Isaac. Heureusement, à la dernière minute, un ange avait retenu le bras d'Abraham qui avait pu tuer pour Dieu un bélier...
Mais ça, c'est une autre histoire...

Malheureusement, mon petit maître était coléreux, violent, jaloux, destructeur, pas envers moi, bien sûr, mais sa colère l'entrainait parfois à faire des choses graves: outre qu'il griffait sa sœur jusqu'au sang, déchirait ses livres préférés, et venait de casser en mille morceaux la poupée en porcelaine donnée par sa mère, il prit la clé d'un superbe secrétaire Empire récemment acheté par ses parents, et raya entièrement le bel acajou du meuble. Alors là! Il fallait une punition exemplaire!
Le lendemain, je n'étais plus auprès de lui! On me chercha partout: dans les moindres recoins, dans les endroits les plus terribles: dans les poubelles, sur le toit du hangar à charbon, vers les cochons... Je demeurai introuvable.

Quinze jours plus tard, la famille eut quand même de mes nouvelles: une lettre accompagnait la photo d'un petit garçon esquimau appelé Nanouk. Sa famille m'avait accueilli dans leur igloo au pôle Nord. Je découvrais ce pays que je ne connaissais pas, car Nanouk m'emmenait partout; il me gâtait aussi: j'adorais le poisson, et même la viande de phoque. Mais je pensais beaucoup à mon petit maître que j'espérais pouvoir retrouver... un jour...

 

Au bout d'un mois, Nanouk fit savoir que j'allais rentrer par avion le dimanche suivant. J'étais heureux en songeant que mon petit maître s'était assagi. A l'aéroport, tout le monde était venu m'accueillir. L'avion arrivait en début d'après-midi. Une fois atterri, les bagages et les colis glissaient sur un tapis vers un endroit spécial. C'est le Papa qui est venu me chercher: j'étais installé tant bien que mal dans un carton gris sentant très fort le poisson, il a tout de  suite su que j'étais là.

Quand enfin je retrouvai les mains et les bras de mon petit maître, la première chose qu'il fit fut de me sentir: pouah! le poisson! Mais il était tellement heureux de me retrouver - et moi aussi- qu'il m'a couvert de baisers en promettant d'être gentil dorénavant.

Bien sûr, ce ne fut pas aussi facile que cela, mais, après soixante-six années écoulées, je suis encore là, bien installé dans un carton douillettement garni, habillé de ma longue traine rouge retenue par une cigale d'or.

Je ne suis jamais reparti au Pôle Nord, mais j'ai eu le bonheur de vivre d'autres aventures, de visiter beaucoup d'endroits en France avec mon petit maître, et dans le grenier de la maison, où je me trouve dorénavant, j'évoque souvent tous ces heureux souvenirs.                                                                     P'luche

 

peluche ours polaire 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


 

 

 

 

 

 

 

 

 



11/04/2020
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