Alors ce n'est pas d'une peluche abandonnée que je vais vous parler. C'est d'une peluche aimée jusqu'à la trame.
Il s'appelait Bébé. C'était un éléphant jaune, haut de 25 cm environ, avec le bout des pattes bleu, et une trompe, mais une trompe! Elle calmait toutes les colères, apaisait tous les chagrins, facilitait tous les sommeils.
Je n'ai jamais été une cousette. Mais lorsque Bébé s'est usé, délabré, effiloché, j'ai fait taire ma nature d'éléphant dans un magasin de porcelaine et j'ai manié l'aiguille avec délicatesse, allant chercher les bribes d'étoffe qui pouvaient encore accueillir le fil sans se déchirer, suturant, pansant avec un soin d'infirmière ce débris naissant, qui ressemblait de moins à moins à un éléphant, de plus en plus à une serpillière. Mon garçon a vu très longtemps dans ces lambeaux le Bébé qu'il adorait.
J'ai essayé, lorsque même Saint-Laurent ni Coco Chanel n'auraient rien pu faire, d'aller chercher sur Doudouperdu.com le sosie de cette merveille d'amour. En vain. Et j'ai longtemps regretté de n'en avoir pas acheté 2 ou 3 le jour où je l'avais trouvée. Mais comment deviner ?
Aujourd'hui, les restes de Bébé sont au fond d'une caisse d'affaires de sport, dans une chambre de gars, impossibles à jeter, impensables à montrer, inavouables, mais toujours là. Reliquat d'une enfance enfuie. Pour la photo, je savais exactement où aller les chercher. Ça ne se jette pas une aussi merveilleuse vieillerie.
Agnès
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